KESOUED et l’éveil artistique, culturel aux plus petits
L’appellation « Késoued » donne, à son sens, une teinte d’originalité et confirme son appartenance au monde et non à un pays donné. De son vrai nom Kéké Sourou Edwige, elle s’est installé il y a sept ans à Montréal. Sa galerie d’art a vu le jour à Saint-Jean sur Richelieu six ans plus tard. Elle y partage avec les bouts-de-choux, sa technique de la peinture comme elle l’a hérité de sa grand-mère maternelle. De retour à Cotonou, cette artiste-peintre, autodidacte, éducatrice en service de garde et enseignante en art plastique poursuit sa passion d’enseignement de l’art aux plus petits tout en nourrissant, à long terme, le rêve de créer une association de promotion de l’art dans les milieux ruraux et académiques au Bénin.
J’évoque le côté glamour de la
femme, sa féminité sans forcément parler du sexe, montrer la valeur de la femme et comment elle peut être aussi belle qu’intelligente.
Comment êtes-vous allée à la rencontre de l’art ?
J’ai commencé à peindre avec ma grand-mère maternelle depuis mes 15 ans. Elle reproduisait des fleurs et des paysages. Ensuite, la passion est venue toute seule et je n’ai plus arrêté. J’ai commencé par les bandes dessinées avant d’arriver à la peinture. J’allais parfois à des expositions de peinture -auxquelles mes parents m’amenaient et tout cela m’inspirait.
Quel est votre parcours professionnel ?
Tout a commencé à Porto-Novo où je trouvais très belle l’architecture des maisons parce qu’elle ressemblait aux maisons brésiliennes avec plein de couleurs et parfois de très belles mosquées. Cela m’inspirait parce que j’aime tout ce qui est traditionnel et j’étais impressionnée quand les égoun-goun (revenants) sortaient avec leurs robes plein de paillettes.
Quand j’étais petite, les enfants de mon âge allaient aux cours de vacances, mais moi je disais à mes parents que je voulais aller dans l’atelier d’un artiste pour peindre. C’est ainsi que j’ai commencé par faire de petits paysages sur des tambours. J’allais quelques fois à des festivités culturelles et ma -première exposition a eu lieu à l’Ambassade de l’Allemagne en 2005. J’ai ensuite exposer mes œuvres lors du Fespaco (Festival Panafricain du Cinéma et de la télévision de Ouagadougou).
En 2004, je suis arrivée à l’île de Madagascar et l’environnement m’a plu. Là-bas, ils sont très artisanaux. J’ai commencé à travailler avec des artistes sur place et j’exposais en même temps. Je participais à des symposiums et des ateliers d’arts. Il faut rappeler que c’est une île paradisiaque où les gens qui viennent pour les vacances, veulent repartir avec quelque chose d’original et à chaque fois, les tableaux se vendaient bien c’était gratifiant.
Les vacances 2008, je découvre Montréal par le biais de mon ami Québecquois… par la suite je découvre une galerie sur la rue Saint Laurent, la responsable, sous le charme de mes œuvres d’art m’a proposé de venir exposer à Montréal. Au fur et à mesure, ma façon de peindre changeait aussi avec plus de couleurs et d’innovations.
Qu’expriment vos peintures ?
Je parle beaucoup des enfants, de la condition des femmes africaines, du mariage forcé et de la dot. J’évoque le côté glamour de la femme, sa féminité sans forcément parler du sexe, montrer la valeur de la femme et comment elle peut être aussi belle qu’intelligente. Je parle aussi des hommes parce qu’ils sont le pilier de la société.
Quels sont les techniques et matériaux que vous utilisez pour réaliser vos œuvres et quelle est votre spécificité ?
Au départ, je travaillais avec la peinture à huile mais ça séchait moins vite et je n’arrivais pas à avoir le brassage des couleurs que je voulais. Quand j’ai découvert l’acrylique, j’ai compris que cela pouvait avoir un effet sur mes peintures. C’est ainsi que je l’ai adopté.
Je travaille avec le relief mais je crée aussi mes propres pigments à base d’épices comme le curie, le safran rouge, les écorces. Je les écrase et je les mélange avec un produit conservateur et de l’eau pour avoir une peinture atypique. J’allie la manière occidentale de travailler avec l’acrylique et les pinceaux, mais je la mélange aussi avec les techniques africaines de base que j’ai eu à apprendre. Je fais de l’art contemporain mais c’est mixte.
Parlez-nous de votre galerie d’art et de votre atelier de peinture !
J’ai ouvert une galerie de peinture à Saint Jean sur Richelieu en décembre 2015 où j’ai toujours donné des ateliers aux enfants mais, aussi aux adultes.
Vu que je suis passionnée d’art j’apporte ce bagage aux enfants. Je me suis dit qu’il fallait exposer dans une galerie et en même temps, donner des ateliers aux enfants pour qu’il y ait une interaction, les enfants aiment le visuel, le tactile et le toucher.
Quel intérêt avez-vous à initier des activités pour faire découvrir l’Afrique au reste du monde ?
En Afrique, nous avons l’avantage du paysage et des richesses culturelles mais nous ne savons pas les reproduire. J’ai fait découvrir au bout des sept années passées à -Montréal que les enfants avaient besoin de quelque chose de nouveau et de différent et qu’ils ne connaissaient pas l’Afrique. Chaque fois que je raconte une histoire africaine juste avec de la mélodie, ils en sont imprégnés cela leur permet de s’évader et de pouvoir reproduire une œuvre.
J’ai compris que les enfants ont le même talent quelque soit leurs origines et leurs nationalités peut importe d’où ils viennent. Nos parents en Afrique oublient souvent ce côté et privilégient les études académiques des enfants. Il faut que l’art soit imprégné dans notre éducation pédagogique. Ce serait une richesse de plus.
Au cours de votre séjour au Bénin, à quoi vous êtes-vous adonnée ?
Pendant mon séjour au Bénin, je voulais voir quelle -interaction les enfants ont avec l’art. Pour cela, j’ai donné des ateliers de peinture dans des milieux vraiment défavorisés mais aussi dans les milieux aisés. J’étais allée à l’école Montaigne de Cotonou pour voir l’interaction des élèves avec l’art et à Avrankou, les réactions étaient différentes mais le potentiel y était les enfants ont autant appréciés l’atelier dans ces deux milieux différents. Cela m’a même permis de voir ce qu’ils sont capables de faire en peinture.
Quels sont vos projets à moyen et long termes ?
A court terme, je veux exposer mes œuvres au Bénin pour mieux me faire découvrir et essayer de me faire un nom. Ensuite, travailler encore avec les enfants pour voir leur -interaction avec les arts. A long terme, je voudrais créer une association qui fera la promotion de l’art (peinture, musique, théâtre ou danse etc) dans les milieux ruraux et académiques.
Propos recueillis par : Falonne MAOUSSI / Michaël TCHOKPODO